L'essence des mots (1) 

JEU DE L'AMOUR (le couple est royal, qui sans l'as ne s'en lasse pas) 

L'amour du jeu est indice de coeur. Heureux au jeu quand la carte est maîtresse! On connaît le strip-poker, qui consiste à dévoiler le dessous des cartes. A force de ramasser sa veste, l'on peut y laisser sa chemise. Est-ce là tout? Non. On peut préférer jouer aux dames, c'est élégant, mais gare où l'on met la main! Ce manège peut bien finir en jeu de scènes sinon de jambes, et à l'aube céder. Il faut savoir tenir la partie pour la belle, quand l'enchère est ouverte. C'est ça, l'as. Quant au beau joueur, sur son trente-et-un il craint les faux plis. Pour séduire sa reine, pas fou il préfère jouer l'atour. 

Certes, qu'elle soit enjeu ou démon, la passion est dévorante. Jouer avec le feu est un jeu d'ange heureux, mais à l'instar de Cupidon comment pourrait-on vivre sans zèle? Qui ne risque rien narre rien, surtout quand la partie est muette. Alors, comme tout jeu a sa faille, il faut parfois jouer des coudes, prendre les devants à bras-le-corps pour le plaisir de la découverte. 

Le jeu en vaut la chandelle. 

JEU DE DUPES (ou comment faire face au dé brouillé) 

Comme les dés, il est facile d'être roulé. Ce ne sont pas les occasions qui font dé faux. Ainsi peut-on prendre le jeu à coeur, et s'apercevoir à ses dépens que la bataille est épique; se voir annoncer la couleur par un daltonien et voir rouge sur le tapis vert; s'inquiéter du stratège militaire qui prétend jouer cartes sur table, celles-la même que l'état majore (par le jeu des taxes). 

Certains pour se couvrir, ne pas commettre d'imper, préfèrent garder une carte dans leur manche, avec ou sans revers. Gare au manipulateur qui aime ce dé faussé par un tour de passe-passe; une carte de plus, par la maldonne, c'est trop donneur. Inutile, cependant, d'imiter ce joueur trop prudent qui ne fait que passer, s'écarte, évite partie. Il faut savoir jouer au plus fin. 

Pour conclure ces mises aux points, ajoutons qu'il y a deux méthodes permettant d'avoir la main sur la figure: jouer une suite royale ou… tricher! 

Les jeux sont faits? Rien ne va plus. 

JEU D'ESPRIT (lame du jeu) 

Sans être vieux jeu, Adam se serait-il amusé du jeu de paume, là où réfléchissait un jeu de miroirs (*)? Un jeu de réflexion et de lumière qui est une énigme (appelée communément "jeu de clés"). 

Se faire tirer les cartes, c'est voir clair dans son jeu. Ne pas écouter leurs conseils, c'est jouer avec l'avis des autres. 

Le nombriliste a la passion du je: c'est un solitaire. Une nette victoire peut venir d'une salle des fêtes. Le casino est une maison à chelem. Sa loi y est modérée? 

La quinte d'atout est-elle mineure? Dans le doute on peut se tenir à carreau. 

(*) Ne pas confondre avec les jeux de glace (et de glisse) qui font partie des jeux divers. 

JEU DE HASARD (impossible de léviter, si l'on garde les pieds sur terre) 

La roulette russe est un jeu de balles (**) qui demande une certaine détente. A ce jeu là, il ne faut pas manquer d'heureux sort. Il s'agit d'abattre ses cartes puis de faire le mort; que le contrat soit exécuté dans les règles, c'est le jeu de loi. Avec un atout maître, l'on peut se piquer au jeu sans en saigner; mais c'est prudemment qu'il faut couper à tout carreau quand les cartes sont biseautées. Quant à battre les jeux, qui ne perdrait un neuf pour gagner la poule? 

(**) Ne pas confondre avec le ping-pong, qui est un set de table, ni avec les balles de foin quand bien même on se retrouverait sur la paille. 

JEU DE LETTRES (mise en plis) 

Quand il est postal, le jeu de cartes est un jeu d'adresse qui passe par la levée et finit en distribution. 

JEU DE SCÈNE (à Rio, pour ou contre) 

Un jeu de rôle est un jeu d'acteur, mais il n'est pas facile, détracteur. S'il connaît la pièce, en perd son âge, là c'est net: il rempile, sinon s'efface. L'art scénique ne souffre pas le laid; il peut consumer à petit feu, au théâtre, quand l'acteur brûle les planches et enflamme le public. Souffler n'est pas jouer, sauf avec les notes. Le jeu d'orchestre, c'est ce concert sur un plateau. Au temps romantique de ces arts, le jeu était roi dans l'arène c'était les jeux du cirque, à tort héros. 

Et voila, c'est la fin des jeux dits.