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Carnet à spirales
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© Carnet à spirales — 2jr.fr

La prolifération lapinesque des compétitions et leurs organisations ubuesco-kafkaïennes constituent l'un des effets les plus visibles de cette confusion. On recense des équipes bambines, juniors, espoirs, seniors, gérontes, amateurs, semi-amateurs, semi-professionnelles, professionnelles, de ligue, départementales, interdépartementales, régionales, inter-régionales, nationales, d'honneur, de troisième, de deuxième, de première divisions. Un bocson redoutable en comparaison duquel le code général des impôts ressemble à une leçon de guitare sommaire. Pour les compétitions (les "compètes", en un seul mot, disent les initiés; voir ci-dessous), cela relève du délire maniaco-dépressif aigu: pour toutes les catégories d'équipes décrites plus haut, on prévoie des matchs amicaux (ce qui peut laisser penser qu'il existe également des matchs inamicaux, voire franchement hostiles), des coupes, des championnats, des championnats de championnats, des coupes de coupes, des championnats de coupes et des coupes de championnats, de saison, d'année, pluriannuels, continentaux, intercontinentaux, mondiaux, et peut-être bientôt interplanétaires et galactiques. Trouvez le nombre de combinaisons possibles et vous obtiendrez la distance de la Terre à l'Alpha du Centaure (et gagnerez du même coup un an d'abonnement gratoche à l'Udépé). Une inflation vertigineuse qui relègue les assignats au rang d'aimable plaisanterie monétaire.

Tant et si bien qu'à la fin, tout le monde peut gagner, mais personne ne peut gagner: si tout le monde est gagnant, personne n'est gagnant, donc tout le monde est perdant, et si tout le monde est perdant, en vérité personne n'a perdu, puisque la défaite suppose nécessairement la victoire et inversement, et ainsi de suite jusqu'à toujours.

Nous avons également observé que le jargon du jeu de pied-balle révélait des refoulements - aussi notoires que caractérisés - des activités qui font la joie et le bonheur de tout être humain normalement constitué. Ainsi des expressions telles que "c'est la séance des tirs au but" peuvent être contrepétées en "c'est la séance des bites au rut", ou bien "le ballon d'or" en "le beau dard long", ou encore "le coup atteint son but" en "le bout atteint son cul". Et quand on regarde l'émission "Télé-Foot", c'est forcément une émission "toute fêlée".

Comme on le voit, le jeu de pied-balle crée et entretient des aberrations langagières et sociales qui se nourrissent mutuellement les unes des autres en donnant corps à un système hyperstructuré et bouffi de lui-même, dont la finalité ultime est, tels un trou noir ou un siphon, d'engloutir les individus qui s'en approchent.

Dans un prochain numéro, nous causerons peut-être des margoulins et des jobards du jeu de pied-balle, et autres arsouilles, gouapes, frapadingues, benêts et couillons en tous genres.

Arrivée d'air chaud, les aminches.

© Paulot Beau Léon (3/94, ® tous droits réservés)

Le foutebôl est une déviance ludico-sociétale vraisemblablement très ancienne, remontant aux origines de l'humanité. C'est Adam et Eve qui disputèrent la première partie recensée (cf. Génèse) avec une pomme. Les choses se gâtèrent rapidement: Eve perdant à la mi-temps, bouffa la pomme pour interrompre le jeu, et, faisant diversion, se jeta avec concupiscence aux pieds d'Adam qui la forniqua, faute de pouvoir continuer à jouer. Le Bon Dieu, qui s'était déplacé pour assister à la rencontre, se fâcha tout rouge et les vira en beuglant "Remboursez!", tandis qu'Adam achevait de vider les siennes. Ce que nos cours de catéchisme nous avaient toujours caché.

Le foutebôl tomba alors en désuétude, favorisant a contrario les activités reproductrices d'Adam et d'Eve, puis de leur descendance et de la descendance de leur descendance et ainsi de suite jusqu'à ce qu'un petit chiare névropathe et malpoli de la énième génération décidât de faire autre chose que de copuler.

C'était un petit gars malingre, affreux, affreux, affreux, sans intelligence, au caractère teigneux et vindicatif. Il manifestait toute la hargne de sa complexion en frappant du pied tout ce qui traînait à terre. Ses petits camarades ne l'aimaient guère car ils redoutaient d'être la cible de ses tirs pédestres; ainsi l'avaient-ils surnommé "fou du bol" (bol désignant la boîte crânienne et par extension ce qu'elle contenait).

Pierres qui roulent n'amassent pas mousse, c'est bien connu, et les petits camarades les retournaient à leur envoyeur de la même manière. Ca faisait des chiées bagarres auxquelles tout ce petit monde finissait par prendre un malin plaisir. Tant et si bien que, comme dans toute bonne castagne qui se respecte, des règles furent établies pour être transgressées et relancer le jeu. Il suffisait d'y penser.

Les Anglais, qui veulent toujours se distinguer - s'il en était autrement, ils deviendraient solubles dans l'eau comme une cuillérée de Lipton lyophilisé - ont repris le nom "fou du bol" en le transformant par le vocable "football" (prononcez "foutebôl", comme si vous aviez une patate brûlante dans la bouche), ce qui signifie, mot à mot, "pied-balle". On entrevoit ainsi l'un des effets pathogènes majeurs du foutebôl: la confusion, multimorphe et polyforme. L'anglicisme "football" en est un exemple, tant il est vrai que pied-balle ne veut rien dire. Vous trouverez dans votre dictionnaire les mots balance, baldaquin, balloches, ballot, ballotin, balustrade, piédalu, pied-à-terre, pied-de-biche, pied-de-nez, piedestal, piédouche, piété, pietà, piétaille, piéton, piézo-électrique, etc, mais non pied-balle. Deux déductions s'imposent:
1- l'anglicisme "football" n'est pas français;
2- ce vocable est un sémantique salmigondis, ou un gargouillis de verbiage (au choix, suivant votre humeur du moment) qui ressemble à de la mangeaille qui hésiterait entre pudding et porridge.

La confusion, commencée dans le rapport du signifiant au signifié, continue dans l'idée que se font les protagonistes d'une partie de pied-balle: quand une équipe perd, elle considère qu'elle a gagné parce que sa défaite n'est pas plus lourde que ce qu'elle avait prévu; quand une équipe gagne, elle estime qu'elle a perdu puisque sa victoire n'est pas assez éclatante à son goût; quand la partie est nulle (dans tous les sens du mot, en général), soit les équipes pensent avoir gagné parce qu'elles néont pas perdu, soit l'inverse. N'essayez pas de comprendre, encore moins d'expliquer que ce sport subtil remplit une fonction esthétique particulière dans le continuum onirico-spéculatif, vous gâcheriez votre vitalité et votre effervescence intellectuelles dans un grand bruit de floc-floc.

¿ Le foot rend-il fou ?

Une étude très sérieuse en 2 parties (match aller)