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Pauvre Darwin! Elle affirme que s'il n'y avait pas de balais, il n'y aurait pas de balayeurs, que s'il n'y avait pas d'impôts, il n'y aurait pas de fonctionnaires chargés de les percevoir, et que ces non-balayeurs et ces non-fonctionnaires seraient alors des vrais chômeurs.
Sauce-Bercy — Et si le travail n'existait pas, on ne connaîtrait plus le chômage… c'est l'apologie de la fainéantise, le droit à la paresse, l'éloge du bullage, le panégyrique de la cossardise… Et si les portes n'étaient ouvertes, Rosita Bobonbon ne les enfoncerait pas.
Pommes-aux-noix — Ne tourne pas les choses à la dérision, Sauce-Bercy, ce n'est pas une façon convenable d'en discuter. Je te prends un autre exemple: nous autres, salariés basiques, si nous voulons nous constituer un complément de retraite individuel, l'épargne que nous y affectons n'est pas déduite de nos revenus imposables, alors que les fonctionnaires peuvent retrancher de leurs traitements les sommes qu'ils y consacrent. Comment peux-tu me justifier une pareille inégalité devant la loi fiscale?
Sauce-Bercy — L'administration est le bras séculier de l'Etat, Pommes-aux-noix, tu sembles l'oublier, et les régimes dérogatoires et exorbitants en tout genre ne manquent pas. Nous vivons dans le pays des trois cents fromages, et je ne te parle pas du pinard…
Pommes-aux-noix — Bricheton, frometon, pichetron! On ne gouverne pas un pays sur des considérations oenologiques, boulangères et froumagières. Du passé, faisons table rase!
Sauce-Bercy — Holà, tu fais bien peu de cas de notre histoire qui s'est toujours débattue en convulsions centifuges et centripètes, entre féodalisme et vassalité, régionalisme et autorité de l'Etat.
Pommes-aux-noix — Et ta soeur, elle bat le beurre?… cesse de dire des gros mots, Sauce-Bercy, j'en ai soupé d'être pris pour une vache à lait, un cochon de payant, un mouton à tondre et le dindon de la farce, ma fierté de coq gaulois n'en a que trop souffert.
Sauce-Bercy — Prends donc un verre de grappa, elle claque en bouche comme un baiser fougueux.
Pommes-aux-noix — aaaaoouuchhhhhh! sa ka chofé!
Sauce-Bercy — Chacun y va de sa revendication personnelle, de son désir d'être reconnu unique et accueilli comme tel: tout ce qui tend à la différence est présenté comme distinction…
Pommes-aux-noix — Fariboles et billevesées! tu m'embrouilles le caberlot: j'affirme que nous devons tous être égaux devant la Loi, c'est notre tradition républicaine, celle qui a fait le renom de la France et notre spécificité… euh… culturelle.
Sauce-Bercy — Parlons-en, justement! Si on avait appliqué tes principes, notre fameuse spécificité culturelle n'aurait jamais été reconnue dans les négociations internationales.
Pommes-aux-noix — Mille putois! tu vas me comparer une machine à coudre et un rouleau à pâtisserie!? Je te parle des règles de vie sociale des citoyens d'un même pays, et toi, tu t'enfumes dans des considérations aussi brouillasseuses que le smog londonien.
Sauce-Bercy — Pardi, il faut sortir de l'hexagone de notre pré carré, à défaut de résoudre la quadrature du cercle. Nous vivons dans un vaste monde que le progrès des échanges a rétréci à la dimension d'une couille de moineau. Le virtuel a relégué le matériel au rayon des obsolescences conceptuelles. La souveraineté nationale est aussi séduisante qu'un tango, mais l'Histoire - avec un grand I - parlera demain de “supranationalité”, notion transitoire et byzantine, et après-demain, de “mondialisation”. La World Company est en marche comme une colonie de fourmis vers un casse-dalle de picnic. Imaginer que Cocsi Pepla fait autant roter à Anchorage qu'à Rangoon, que MacMickey's est aussi gerbique à Ushuaïa qu'à Verkoïansk, que la musique techno pète les esgourdes des béjaunes, tout cela, dis-je, procure des vertiges insondables d'émerveillement. Notre génie doit désormais conquérir la World Company, c'est son défi le plus beau.
Pommes-aux-noix — Résumons-nous: aux jours néfastes succèdent les journées fastes, et ainsi de suite jusqu'à toujours. Pamela, l'addition, au trot! La reconquête du monde nous attend, en route vers de nouvelles aventures!
© Paulot Beauléon
— Comment vas-tu, yau-de-poële?
— Pas mal, et toi, la-matelas?
— Comme tu vois, ture-à-bras, ah ah ah! ;-)
Ainsi se saluent régulièrement nos deux amis Pommes-aux-noix et Sauce-Bercy quand ils se recontrent pour échanger quelques considérations bien senties sur la vie, les temps qui courent, la destinée des choses et du monde. Ainsi enfoncent-ils allègrement les portes grandes ouvertes des évidences premières, et cela suffit à la joie simple de leur conscience ontologique.
Ils auraient pu s'appeler Bouvard et Pécuchet, mais Flaubert les avait précédés en les copiant par anticipation. Et ils ne peuvent se nommer Blake et Mortimer, by Jove! puisqu'ils se contrefichent de l'infâme Olrik et qu'ils détestent le pudding et le porridge. Aussi, leurs origines périgourdine et parisienne rendent-elles le mieux compte de leurs sobriquets délicieusement aimables et dérisoires.
Tendons (d'Achille) une oreille indiscrète, puisque l'autre est bouchée de cérumen, pour apprécier la haute tenue d'une de leur conversation, pendant un déjeuner pris à la cantine de Pommes-aux-noix, “à l'Auberge du Congre Debout”. Au menu, ce jour-là, point de tourte aux cailles, mais un melimelo de paste alla ricotta, escalope de veau au gorgonzola, insalate et verdure, fromages et gelati, le tout arrosé d'un Barolo charpenté comme la tour de Pise.
Pommes-aux-noix — Crotte de bique du Larzac! je viens de recevoir la déclaration des revenus et j'ai calculé les impôts que je devrai payer cette année… Fatcha! l'expansion cosmique des ponctions fiscales trouvera-t-elle un jour son trou noir?
Sauce-Bercy — J'en doute, j'en doute…
Pommes-aux-noix — Je ne comprends pas: quand Haroun Al-Tonton et et son vizir Gros Quinquin ont décidé de nationaliser nos grandes entreprises, l'Etat, c'est-à-dire toi, moi, tous les contribuables, avons payé le prix des titres et des actions de ces sociétés; autrement dit, la collectivité nationale — dont nous sommes les membres — en est devenu propriétaire…
Sauce-Bercy — Oui, et alors?
Pommes-aux-noix — Eh bien, quand le grand Ballamouchi a cédé ces mêmes sociétés, quelques années plus tard, l'Etat a encaissé le produit de la vente des titres. Pour autant, toi, moi, tous les contribuables en avons-nous reçu distribution? Peau de balle et balai de crin, nos impôts n'ont pas baissé d'un liard!
Sauce-Bercy — Parbleu, blanc et rouge! tu veux dire qu'il aurait été logique et légitime de restituer à chaque contribuable, fût-ce sous forme de diminution d'impôts, le surcroît de charges fiscales exposées par les nationalisations antérieures?
Pommes-aux-noix — Cette question! si tu contribues pour acheter un bien, tu en deviens propriétaire, et il est donc de bon commerce que tu reçoives ensuite le juste prix de la vente de ce bien. Nier ce principe serait pure extravagance!
Sauce-Bercy — Bon sûr mais c'est… bien sang, Pommes-aux-noix! Verse-moi un verre de Barolo… hmmmm… mais, dis-moi, il me semble que tu fais prévaloir des considérations économiques et juridiques sur la plus élémentaire morale citoyenne: il est normal que tu contribues au bien commun de tous et que tu participes à l'effort collectif; et quand l'Etat vend ce que nous lui avons permis d'acquérir, c'est pour parvenir à équilibrer les comptes publics. Et cela n'a rien d'extravagant, n'est ce pas?… Pamela, un autre Barolo pour Pommes-aux-noix, bitte schoen!
Pommes-aux-noix — Et patata et patati, Sauce-Bercy! tu parles comme Rosita Bobonbon, ma voisine de palier, cette petite bureaucrate bien planquée; quand elle bouge la tête, cela fait “floc-floc”. Sais-tu ce que m'a dit cette péronnelle tout juste bonne à mettre des procès-verbaux de contravention sur les pare-brise des voitures: elle dit que l'organe crée la fonction, tel quel!